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Vénus en fourrure (Le malizie di Venera / Venus im Pelz, Italie/RFA/GB,
1969) de Max Dillman [Massimo Dallamano]
Sc. Inge Hilger, Fabio Massimo d'après le roman de Leopold von
Sacher-Masoch. Ph. Sergio d'Offizi. Mus. Gianfranco Reverberi. Int. Laura
Antonelli, Régis Vallée, Ewing Loren, Renate Kasché,
Werner Pochath. Sortie française 27 septembre 1973. (1)
"Séverin, écrivain en vacances au bord d'un lac de
Bavière, fait la connaissance d'une cover-girl, Wanda de Dounaieff,
qu'il séduit après avoir épié son intimité
à travers un orifice indiscret du mur du bungalow qu'elle occupe.
Il l'entraîne dans un jeu, qui lui est nécessaire, de la
soumission, de l'humiliation. Ces pratiques rejoignent les théories
de l'écrivain qui estime (notamment) qu'en amour, il n'y a - comme
ailleurs - que maîtres et esclaves. Il entraînera Wanda à
des rapports auxquels elle finira peut-être par prendre du plaisir
dans un équilibre partagé. Mais c'est dans un hôpital
psychiatrique que Séverin expose ce récit dans tous ses
détails." (résumé extrait de La Saison cinématographique
74). Une transposition moderne de Sacher-Masoch plastiquement soignée
mais aux audaces quelque peu datées, où l'on peut admirer
Laura Antonelli dans l'un de ses premiers rôles, quatre ans avant
qu'elle ne devienne le sex symbol italien numéro un grâce
à Malicia de Salvatore Samperi. C'est le troisième film
de Massimo Dallamano (1917-1976), ex-chef-opérateur (il éclaira
les deux premiers westerns de Sergio Leone) dont le titre le plus célèbre
est Qu'avez-vous fait à Solange ? (1972), giallo (1) photographié
par un certain Aristide Massaccesi (alias Joe D'Amato).
Black Emanuelle en Afrique (Emanuelle nera, 1975) d'Albert Thomas [Adalberto
Albertini]
Sc. Adalberto Albertini, Ambrogio Molteni. Ph. Carlo Carlini. Mus. Nico
Fidenco. Int. Laura Gemser [Moira Chen], Karin Schubert, Angelo Infanti,
Isabelle Marchall, Gabriele Tinti, Don Powell, Venantino Venantini. Sortie
française ? (4)
Emmanuelle étant un des gros succès de 1974, il était
presque naturel que de rusés faiseurs transalpins s'intéressent
au filon. C'est Adalberto (ou Bitto) Albertini, lui aussi ancien chef-opérateur,
qui s'en charge : il reprend les ingrédients du film de Just Jaeckin
(exotisme et liberté de murs), engage une actrice d'Emmanuelle
2 (la très gracieuse Laura Gemser, née en Indonésie),
adopte un pseudo français et, pour éviter les procès,
orthographie le nom de son héroïne avec un seul m. Malgré
un exotisme de pacotille et des péripéties sentimentales
confuses, le résultat réserve son lot de petits plaisirs
: la beauté des actrices, la formidable musique easy listening
de Nico Fidenco (la chanson-titre s'imprime définitivement dans
la mémoire) et aussi, pour les plus déviants, quelques moments
délicieusement incongrus - la séance photo où Karin
Schubert sautille nue au ralenti ou la scène de coucherie montée
en parallèle avec des plans d'un bec de pompe à essence
dans un réservoir. A noter que le film compte trois acteurs en
commun avec La folie des grandeurs de Gérard Oury : Venantino Venantini
(aperçu aussi dans Les Tontons flingueurs ou Le Corniaud), Karin
Schubert (Allemande ayant débuté dans des pornos danois
qui revint au X dans les années 80) et Gabriele Tinti, ancien jeune
premier à la carrière étonnamment hétéroclite
(on le vit, entre autres, chez Robert Aldrich, Jean Girault, Mario Bava
ou Glauber Rocha...). En 1976, il épouse Laura Gemser (qui avait
été la compagne de D'Amato) ; ils tourneront une vingtaine
de films ensemble.
Frissons asiatiques (Il mondo dei sensi di Emy Wong, 1976) d'Albert Thomas
[Adalberto Albertini]
Sc. Adam Ambrogio. Ph. Guido Mancori. Mus. Nico Fidenco. Int. Chai Lee,
Giuseppe Pambieri, Ilona Staller, Rick Battaglia. Sortie française
30 avril 1980 (sous le titre L'éveil des sens d'Emy Wong). (4)
Après l'échec d'une Emanuelle nera n°2 sans Laura Gemser,
l'ami Bitto change de couleur et tente, avec ... Emy Wong, de lancer une
"Emanuelle jaune" (Emanuelle gialla est l'un des titres alternatifs).
George, pilote de ligne anglais, tombe amoureux d'Emy, une doctoresse
hongkongaise. Ils veulent se marier mais leur projet est contrarié
par Helga (I. Staller), la collègue jalouse de George qui fait
croire à Emy que George s'est marié en Angleterre. Désespérée,
elle abandonne la médecine et, dans les vingt dernières
minutes, devient une prostituée. Quand George revient à
Honkong et dissipe le malentendu, le bonheur du couple est de courte durée
car le pilote est atteint d'une maladie incurable. Dans la dernière
scène, il meurt et Emy se suicide à ses côtés
(c'est presque émouvant). Lesté d'une tonne de clichés
sur l'Asie et moins savoureux que Emanuelle nera, le film est tout de
même relativement attachant grâce à ses interprètes,
Giuseppe Pamberi (soupirant d'Edwige Fenech dans La flic chez les poulets)
et Chai Lee. La Hongroise Ilona Staller se fera connaître dans les
années 80 sous le nom de La Cicciolina.
Black Emanuelle en Orient (Emanuelle nera-Orient reportage, 1976) de Joe
D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Maria Pia Fusco, Piero Vivarelli. Ph. Aristide Massaccesi. Mus. Nico
Fidenco. Int. Laura Gemser [Moira Chen], Gabriele Tinti, Ely Galleani,
Ivan Rassimov, Venantino Venantini, Giacomo Rossi-Stuart, Chris Avram,
Debra Berger, Gaby Bourgois. Sortie française 29 décembre
1976 (sous le titre La possédée du vice). (4)
Premier des cinq "Black Emanuelle" réalisés par
D'Amato. Partagée entre Bangkok et Casablanca, cette aventure reste,
dans ses péripéties et son ton, proche du premier épisode
tout en y étant plutôt inférieur. Néanmoins,
on y trouve largement son compte : Laura Gemser est toujours aussi prompte
à se dévêtir, Nico Fidenco se déchaîne
une fois de plus sur la bande-son, et la distribution masculine est certifiée
"100% vieux routiers du bis". A signaler côté bizarreries
le numéro de cabaret où une Thaïlandaise s'introduit
des balles de ping pong dans le sexe.
Black Emanuelle en Amérique (Emanuelle in America, 1976) de Joe
D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Ottavio Alessi, Piero Vivarelli, Maria Pia Fusco. Ph. Aristide Massaccesi.
Mus. Nico Fidenco. Int. Laura Gemser [Moira Chen], Gabriele Tinti, Roger
Browne, Riccardo Salvino, Lars Bloch, Paola Senatore, Maria Piera Regoli.
Sortie française ? (3)
Dans son second "Black Emanuelle", D'Amato affirme plus nettement
sa "personnalité" en faisant prendre à la série
un virage résolument trash. Emanuelle s'y affranchit tout à
fait de son modèle français pour devenir une journaliste/photographe
à la recherche des scoops les plus glauques de la planète.
Dans cet opus, elle parcourt les Etats-Unis, les Antilles, l'Italie et
l'Afrique pour enquêter notamment sur un réseau de prostitution
donnant dans le snuff movie. M6 a bien évidemment diffusé
une version expurgée des reconstitutions de films snuff qui sont,
paraît-il, ce que D'Amato a fait de plus poussé dans l'affreux
(certaines sources affirment que Cronenberg s'en serait inspiré
pour Videodrome). Notre homme filmera encore trois aventures de l'intrépide
reporter : Emanuelle et les filles de Madame Claude (La via della prostituzione),
Emanuelle autour du monde (Emanuelle-perché violenza alle donne
? - titre ô combien cocasse pour un réalisateur ayant fondé
une grande partie de sa carrière sur l'exploitation de la femme)
et Viol sous les tropiques (Emanuelle e gli ultimi cannibali). De 1975
à 1983, Laura Gemser aura incarné Emanuelle et ses variantes
dans une douzaine de films.
Les plaisirs d'Hélène (Orgasmo nero / Voodoo Baby, 1980)
de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Aristide Massaccesi. Ph. Alberto Spagnoli. Mus. Stelvio Cipriani.
Int. Susan Scott [Nieves Navarro], Richard Harrison, Lucia Ramirez, Annj
Goren [Anna Maria Napolitano], Mark Shannon [Manlio Certosimo]. (4)
Hélène (N. Navarro) et Paul (R. Harrison) sont un couple
en crise. Sur une île des Caraïbes dont Paul, ethnologue, étudie
les coutumes, Hélène est séduite par Aïni (L.
Ramirez, une sorte de Laura Gemser juvénile). Elle la recueille,
l'éduque et en fait son amante, ce qui n'est pas fait pour réjouir
Paul. Mais quand ce dernier décide de se mêler aux ébats
des deux femmes, le couple est ressoudé et il décide de
ramener Aïni sur son île. Celle-ci, par dépit, sacrifie
Paul dans un rituel vaudou et en donne un bout à manger à
Hélène. Orgasmo nero aurait pu être une version sarcastique
du premier Black Emanuelle, une fable grinçante sur les fantasmes
colonialistes de la petite bourgeoisie blanche. Las, il n'en est rien
: l'ensemble est bien trop lent pour intéresser et la morale de
l'histoire semble être qu'il ne faut pas fricoter avec les étrangers.
D'ailleurs, les dialogues exhalent un racisme tranquille : "Aïni
a fait des progrès extraordinaires, il faut reconnaître que
ces indigènes ont des facultés extraordinaires pour apprendre"
(Hélène), "Hélène est une femme facile,
il semblerait qu'elle ait une passion pour les jeunes basanés."
(Guy, l'ami du couple, à Paul). Le plus intéressant réside
dans l'ouverture (l'enterrement du père d'Aïni) et la conclusion
(le sacrifice de Paul) qui apparentent le film aux mixtures érotico-gore
concoctées par D'Amato à la même époque : Viol
sous les Tropiques, La nuit fantastique des morts vivants (Le notti erotiche
dei morte vivanti) ou Porno Holocaust. Paul et Hélène sont
interprétés par deux grandes figures du cinéma de
genre. L'Américain Richard Harrison, présent en Italie depuis
le début des années 60, a donné dans le péplum,
le film d'aventures, le western, le film de guerre, le policier... L'Espagnole
Nieves Navarro est apparue dans quelques classiques du western spaghetti
(Colorado de Sergio Sollima, Un pistolet pour Ringo de Duccio Tessari
dont elle fut l'épouse) avant de se spécialiser, à
partir du milieu des années 70, dans les productions érotiques.
Mark Shannon (Guy), moyennement sexy avec sa tête d'avant-centre
du Bayern de Munich en 74, sera l'étalon vedette des pornos que
D'Amato réalisera sous le pseudo d'Alexander Borsky.
Chaleurs exotiques (Sesso profondo, 1980) de Frank Martin [Mariano Girolami]
Sc. Romano Scandariato. Ph. Sergio Salvati. Mus. Walter Rizati. Int. Al
Cliver [Pier Luigi Conte], Eveline Barnett, Franz Muller, Brenda Shington,
Linda Fumis, Venantino Venantini, Donald O'Brien, Adriana Giuffrè.
Sortie française 26 mars 1980. (5)
Mon grand prix du scénario cornichon. Jennifer (E. Barnett) a tout
pour être heureuse avec Roman (A. Cliver) : elle est jeune et jolie,
il est barbu et écrivain. Mais, hormis une petite masturbation
dans l'avion pendant leur voyage de noces, elle ne parvient pas à
le satisfaire. C'est que, comme lui indique un psychiatre (F. Muller),
"l'avion constitue le seul milieu catalyseur dans lequel [elle peut]
avoir des rapports sexuels". Lors d'une séance, elle se remémore
l'origine du "traumatisme" : alors qu'elle était adolescente,
son cousin l'a pénétrée avec un petit avion en plastique.
Voulant associer travail et plaisir et s'ennuyant loin de Roman, qui finit
un livre seul sur une île, Jennifer décide alors de passer
le concours d'hôtesse de l'air ; et elle n'hésite pas à
accomplir la principale épreuve du concours, qui est de coucher
avec Mr Murphy (V. Venantini), l'examinateur. Devenue rapidement l'hôtesse
la plus demandée de sa compagnie, elle accumule les vols et les
stewards. Apprenant finalement la raison de la frigidité (à
son égard) de sa femme, Roman a alors une brillante idée
pour la reconquérir et éviter d'être encore plus cocu
: il devient steward ! Le titre français est donc plutôt
trompeur : Sesso profondo s'attache moins à l'exotisme (limité
à deux séquences à Saint-Domingue) qu'au caractère
aphrodisiaque de l'avion - il reprend là l'un des thèmes
qui avait fait le succès d'Emmanuelle de Just Jaeckin. Idiot mais
plutôt marrant et agréable à regarder (il est en scope),
il nous ramène donc à une époque où hôtesse
de l'air semblait le métier le plus excitant de la planète.
En outre, il faut signaler que le film présente, en trois occurrences,
des plans frontaux, précis (les grandes lèvres sont visibles)
et assez longs de sexes féminins ; chose encore plus rare pour
le dimanche soir, on aperçoit pendant quatre secondes un pénis
en érection. Débutant sa carrière en 1949, Marino
Girolami (1914-1994) a réalisé plus de soixante-dix films
dans les genres les plus divers ; Frank Martin est une variante anglo-saxonne
de son pseudonyme le plus courant, Franco Martinelli, qu'il utilisait
pour ses comédies sexy (il est, par ailleurs, le père d'Enzo
G[irolami]. Castellari - Keoma, 1990:les guerriers du Bronx...). Responsable
d'une Terreur des zombies l'année précédente, il
est entouré ici d'habitués de l'horreur, plus particulièrement
du cinéma de Lucio Fulci : Sergio Salvati éclaira ses uvres
les plus connues (L'enfer des zombies, Frayeurs, L'au-delà), Walter
Rizati composa pour lui la musique de La maison près du cimetière
et Al Cliver tourna sept films sous sa direction. Présent dans
trois grands westerns transalpins (Saludos Hombre de Sergio Sollima, Keoma,
Les Quatre de l'Apocalypse de... Fulci), l'Irlandais Donald O'Brien (l'éditeur
de Roman) fut l'un des acteurs fétiches de D'Amato.
Caligula et Messaline (Caligola e Messalina, Italie/France, 1981) d'Anthony
Pass [Antonio Passalia] (et Jean-Jacques Renon).
Sc. Anthony Pass. Ph. Luigi Ciccarese (et Jean-Jacques Renon). Mus. Giacomo
Dell'Orso. Int. Vladimir Brajovic, Betty Roland, Françoise Blanchard,
Antonio Passalia, Piotr Stanislas. Sortie française juillet 1982.
(2)
Un des quelques sous-Caligula qui échouèrent sur les écrans
au début des années 80, et sans doute le pire. Affreusement
interprété, franchement débandant (les orgies sont
très molles) et interminable, le film est une véritable
épreuve d'endurance. On en vient presque à regretter le
pourtant très lourdingue Messaline, impératrice et putain
(1977) de Bruno Corbucci. Seuls les fans des stock shots y trouveront
leur compte : le film intègre en effet une quantité effarante
d'extraits de péplums des années 50 et 60. Très vite,
on comprend que si le plan comporte plus de dix figurants, c'est qu'il
a été piqué à une production infiniment plus
fortunée. Même la saillie du cheval fait sénateur
par Caligula est issue d'images d'archives ! Ce pensum est la seule réalisation
d'Antonio Passalia, qui fut acteur (Le boucher, La rupture) puis producteur
(Le Cri du Hibou, Jours tranquilles à Clichy) pour son ami Claude
Chabrol ; Jean-Jacques Renon, conseiller à la réalisation,
éclaira les premiers films de Jean Rollin. Le film fut tourné
simultanément avec Néron et Popée de Bruno Mattei
; seconds rôles ici, Piotr Stanislas (fameux hardeur homo et hétéro)
et Françoise Blanchard (la Morte Vivante de Jean Rollin) y incarnent
le couple vedette. Aristide Massaccesi, sous le pseudo de David Hills,
donnera au sous-genre caligulien une contribution bien plus remuante avec
l'outrancier Caligula, la véritable histoire (1982).
La dame de miel (Miele di donna, 1981) de Gianfranco Angelucci.
Sc. Gianfranco Angelucci, Enrique U. Herrera. Ph. Jaime Deu Casas. Mus.
Riz Ortolani. Int. Clio Goldsmith, Catherine Spaak, Fernando Rey, Luc
Meranda, Nieves Navarro. Sortie française août 1983 (sous
le titre Fleur du vice) (1)
"Une femme (C. Spaak), un pistolet à la main, contraint un
éditeur (F. Rey), à lire son manuscrit. Il plonge dans l'histoire
d'Annie (C. Goldsmith). Ravissante jeune femme, elle débarque à
la pension Désir, accueillie par la patronne qui lui promet de
lui faire découvrir tous les clients de la maison, ainsi que leurs
habitudes. Annie s'initie aux mystères de la pension, où
un don Juan d'âge mûr donne des cours de danse à des
jeunes filles, tandis qu'Inès, la femme de chambre, s'offre avec
fougue à un pensionnaire passionné."
La clé (La chiave, 1983) de Tinto Brass
Sc. Tinto Brass d'après un roman de Jun.ichiro Tanizaki. Ph. Silvano
Ippoliti. Mus. Ennio Morricone. Int. Frank Finlay, Stefania Sandrelli,
Franco Branciaroli, Barbara Cupisti, Armando Marra. Sortie française
6 juin 1984. (6)
Certainement le meilleur film diffusé le dimanche soir. Dans les
années 40 à Venise, un vieux professeur (F. Finlay) n'arrive
plus à satisfaire sa femme Teresa (S. Sandrelli). Il met en place
un jeu érotique auquel se prête bien volontiers sa femme
et qui réveillera son désir - de manière radicale
puisqu'il meurt en faisant l'amour avec Teresa. Le film provoqua un grand
scandale à sa sortie en Italie (Stefania Sandrelli, actrice "respectable"
connue pour ses rôles chez Pietro Germi, Bertolucci, Comencini ou
Scola, étant notamment traitée de "truie") et
fut un très gros succès public. Toujours en activité
(son dernier film a été présenté au dernier
festival de Venise), Tinto Brass est sans conteste le roi de l'érotisme
italien. Né en 1932 d'une famille vénitienne, il travaille
dans les années 50 à la Cinémathèque Française
avant de devenir assistant, notamment de Roberto Rossellini et Joris Ivens.
Débutant en 1964 avec le remarqué et anarchisant In capo
al mondo (Chi lavora è perduto), la première partie de sa
carrière de cinéaste fait la part belle aux portraits de
marginaux et de rebelles, tel Dropout (1971) avec Franco Nero. En 1975,
il obtient un premier gros succès avec le douteux Salon Kitty,
qui reconstitue la vie d'un bordel du IIIè Reich. En 1977, il s'attelle
à Caligula, superproduction écrite par Gore Vidal et financée
par Bob Guccione, le fondateur de Penthouse. Il reniera le produit final,
Guccione y ayant intégré à son insu des plans pornographiques
; le résultat est un film complaisant et maladroitement filmé
mais indéniablement fascinant, ne serait-ce que par sa distribution
prestigieuse et passablement déchaînée (Malcolm McDowell,
Peter O'Toole, Helen Mirren...) et ses incroyables décors signés
Danilo Donati (collaborateur régulier de Fellini). Avec La Clé,
il se recentre sur un érotisme plus intimiste ; suivent des films
qu'on aimerait bien voir sur M6, comme Vices et caprices (1987), Snack
Bar Budapest (1988), Paprika (1989), ou L'uomo che guarda (1994). A signaler
que le film est classé sixième, ex-aequo avec Vertigo d'Hitchcock,
dans un référendum sur les dix films les plus érotiques
de l'histoire du cinéma effectué auprès de soixante-treize
critiques et historiens par la revue Fascination (n°27, 2ème
trimestre 1985). Il est également l'un des deux seuls films du
dimanche soir, avec La femme flambée de Robert Van Ackeren, à
avoir obtenu un T dans Télérama - au bout de la quatrième
diffusion quand même.
Les nuits chaudes de Cléopâtre (Sogni erotici di Cleopatra,
Italie/France, 1983) de César Todd [Rino Di Silvestro]
Sc. Rino Di Silvestro, Marcel Albertini. Ph. Giovanni Bergamini. Mus.
Romuald. Int. Marcella Petrelli, Rita Silva, Jacques Stani, Andrea Coppola,
Maurizio Faraoni. Sortie française juillet 85. (1)
Rino Di Silvestro est indéniablement un champion du crapoteux :
se spécialisant dans la peinture complaisante des souffrances féminines,
il a donné dans le WIP film (2)(La vie sexuelle dans les prisons
de femmes), le svastica porno (3)(Les Déportées de la section
spéciale SS) ou encore le portrait de prostituées (Prostituzione
et A seize ans dans l'enfer d'Amsterdam avec Ann-Gisel Glass). Plus léger
que ces films douteux et moins violent que les caliguleries, Les nuits
chaudes de Cléopâtre se rattache en fait aux relectures "érotico-humoristiques"
des grandes figures de l'Histoire dont les Italiens sont coutumiers depuis
les années 70. Dans les années 90, cette tradition fut reprise
- avec beaucoup plus de sexe et encore moins d'argent et d'humour - dans
le porno : voir les variations de D'Amato et/ou Luca Damiano sur Hamlet,
Tarzan, le marquis de Sade, Mozart, Robin des Bois, Roméo et Juliette,
etc.
Plaisirs de femmes (L'attenzione, 1984) de Giovanni Soldati.
Sc. Leone Colonna, Giovanni Soldati, Rodolfo Sonego. Ph. Silvio Ippoliti.
Mus. Pino Donaggio. Int. Stefania Sandrelli, Amanda Sandrelli, Ben Cross,
Elena Pompei. Sortie française août 1987. (1)
"Un journaliste se laisse séduire par une serveuse et l'épouse.
Le temps passe. Le couple, quinze ans plus tard, est devenu quelque chose
de désolant : plus d'amour, les aventures de monsieur sont organisées
et observées par madame, grâce à l'invention pratique
de la glace sans tain." Un film qui s'inscrit clairement dans le
sillage de La Clé, Giovanni Soldati empruntant même à
Tinto Brass son actrice et son chef-opérateur. Amanda est la fille
de Stefania.
Malombra (id., 1984) de Bruno Gaburro
Sc. Pietro Regnoli, d'après un roman d'Antonio Fogazzaro. Ph. Pasquale
Fanetti. Mus. Michele Zanone. Int. Paola Senatore, Maurice Poli, Stefano
Alessandrini, Gino Milli, Scilla Jacu, Ludovico Flores, Cesare di Vito,
Henry Luciani, Gloria Bini. Sortie française 16 octobre 1985. (2)
"Le jeune Marco Reiniger, qui a dix-huit ans, arrive avec son tuteur,
Maximilien, dans la villa familiale où son oncle, Osvaldo, se débat
au milieu des problèmes financiers. Osvaldo partage la villa avec
Charlotte, la sur de sa femme décédée. Marco
est séduit par Lili, une jeune voisine aux charmes voluptueux,
alors même que Maximilien passe la nuit avec sa femme de chambre,
Teresa." Dans mes souvenirs, les films de la triologie de Gaburro
(Malombra 1 et 2, Penombra) ont tendance à se confondre. Toutefois,
ils font partie de mes préférés du dimanche soir,
non pas tant à cause de leurs qualités cinématographiques
mais grâce à la présence de la superbe Paola Senatore.
Habituée de l'érotisme transalpin (elle a travaillé
avec Tinto Brass, Salvatore Samperi et Joe D'Amato), elle y est en effet
inoubliable en bourgeoise qui fait l'amour avec ses oreillers. Quant à
Maurice Poli, son partenaire dans les trois films, il livre une interprétation
prototypique du mari moustachu et soucieux. On a pu voir ce sympathique
acteur français (il a un rôle dans Belle et Sébastien)
dans Sept hommes en or de Mario Vicario, On m'appelle Providence de Giulio
Petroni ou Cani arrabiati de Mario Bava ; à partir de la fin des
années 70, il n'est pratiquement apparu que dans des productions
érotiques. Le roman de Fogazzaro, publié en 1881, avait
déjà été adapté par Carmine Galllone
en 1916 et Mario Soldati en 1942.
L'alcôve (L'alcova, 1984) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Ugo Moretti, d'après un roman de Judith Wexley. Ph. Federico
Slonisco [A. Massaccesi]. Mus. Manuel de Sica. Int. Laura Gemser [Moira
Chen], Lilli Carati, Annie Belle [Brilland], Al Cliver [Pier Luigi Conte],
Robert Caruso. Sortie française 1er janvier 1985 (sous le titre
La retape). (1)
1936. Elio De Silvestris (A. Cliver), aristocrate esthète, ramène
de la guerre d'Abyssinie une esclave, Zerbal (L. Gemser). Cette arrivée
déplaît fortement à Alessandra (L. Carati), la femme
d'Elio, et Virna (A. Belle), domestique et amante de celle-ci. Pourtant,
petit à petit, toute la famille tombe sous la coupe de Zerbal....
Toujours à l'affût des recettes à la mode, D'Amato
ne pouvait manquer de profiter de la vague rétro-bourgeoise initiée
par La Clé : L'alcôve est le premier volet d'une quadrilogie
se déroulant dans les années 30 et 40 ; suivront La femme
pervertie, La fille aux bas nylon et Lussuria. En regard de sa production
ultérieure, ces films paraissent inhabituellement luxueux et soignés
; et L'alcova est sans doute, avec Emanuelle en Amérique, le meilleur
film du dimanche soir de D'Amato. Le scénario est relativement
consistant et la distribution féminine vaut le détour. Lilli
Carati, présente dans les quatre films, fut une starlette sexy
populaire des années 70 ; peu après Lussuria, elle tomba
dans l'enfer du porno et de la drogue (mais maintenant ça va mieux).
Annie Belle retrouve D'Amato après Horrible (1982), pseudo suite
d'Anthropophagous où son personnage finissait la tête carbonisée
dans un four. Quant à Laura Gemser, elle tient ici son dernier
grand rôle. En 1994, D'Amato coréalisera avec Luca Damiano
un remake hard du film, L'alcova dei piacere probiti avec Julia Chanel
et Simona Valli.
La femme pervertie (Il Piacere, 1985) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Claudio Fragasso, Homerus S. Zweitag, d'après Restif de la
Bretonne. Ph. Aristide Massaccesi. Int. Andrea Isabelle Guzon, Steve Wyler,
Marco Mattioli, Lilli Carati, Laura Gemser [Moira Chen], Dagmar Lassander.
Sortie française 25 septembre 1985. (1)
Quelques temps avant la Seconde guerre mondiale. A la mort de sa femme
Leonora, Gérard, un riche aristocrate, devient le tuteur des enfants
qu'elle avait eus d'un premier mariage, Ursule et Edmond. Ursule, qui
ressemble étonnamment à sa mère, se met en tête
de séduire Gérard. Ce dernier, fort troublé, passe
une bonne partie du film à résister aux avances de sa belle-fille
avant de céder lors du carnaval de Venise.
L'enchaîné (La Gabbia, 1985) de Giuseppe Patroni Griffi
Sc. Francesco Barilli. Ph. Juan Amoros, Hans Burmann. Mus. Ennio Morricone.
Int. Laura Antonelli, Tony Musante, Florinda Bolkan, Blanca Marsillach.
Sortie française 8 janvier 86. (3)
En rendant visite à son amie (F. Bolkan), Michael (T. Musante)
retrouve Marie (L. Antonelli), dont il fut le premier amour. Pour ne pas
le laisser échapper de nouveau, elle l'attache à son lit
et, secondée par sa fille, le soumet à des jeux sado-masochistes.
Un film à l'atmosphère lourde, virant quasiment par instants
dans le fantastique et l'horreur. Dramaturge réputé, Giuseppe
Patroni Griffi a collaboré aux scénarios de films signés
Rossellini, Rosi, Visconti ou Scola, et a réalisé sept films
en trente ans parmi lesquels Disons, un soir à dîner (1969,
d'après sa propre pièce) avec déjà Florinda
Bolkan et Tony Musante (le héros de L'oiseau au plumage de cristal
de Dario Argento) ; Identikit (1974) avec Elizabeth Taylor ; et Divine
créature (1976) avec Laura Antonelli (ici dans l'un de ses derniers
rôles "chauds"), Marcello Mastroianni et Terence Stamp.
A l'origine, le film devait être dirigé par Lucio Fulci,
qui exploitera une situation similaire dans Plaisirs pervers (Il miele
del diavolo, 1987).
Malombra 2 (Maladonna, 1985) de Bruno Gaburro
Int. Paola Senatore, Maurice Poli, Claudia Cavalcanti, Dan Steffen. (2)
"En l'absence de son mari, Osvaldo, Marie ne s'ennuie pas grâce
à la compagnie de nombreuses conquêtes. A son retour, l'époux
tombe aussi dans les bras d'une esseulée."
Miranda (id., 1985) de Tinto Brass
Sc. Tinto Brass d'après une pièce de Carlo Collodi. Ph.
Silvano Ippoliti. Mus. Riz Ortolani. Int. Serena Grandi, Andrea Occhipinti,
Franco Interlenghi, Andy J. Forrest, Malisa Longo. Sortie française
septembre 1988. (2)
Années 50. Miranda, patronne d'un hôtel dans la campagne,
est veuve. Elle veut se trouver un mari et pour cela "teste"
différents hommes (un diplomate, un G.I., un de ses employés).
Un bien bon Brass, malheureusement peu diffusé, dans lequel rayonne
la très plantureuse Serena Grandi
La fille aux bas nylon (Voglia di guardare, 1986) de Joe D'Amato [Aristide
Massaccesi]
Sc. Aristide Massaccesi, Donatella Donati. Ph. Joe D'Amato [A. Massaccesi].
Mus. Guido Anelli, Stefano Mainetti. Int. Jenny Tamburi [Luciana Della
Robia], Marino Masé, Sebastiano Somma, Laura Gemser [Moira Chen],
Lilli Carati. Sortie française avril 1987. (2)
Christina, mariée au Dr Diego, s'ennuie. Elle s'éprend du
jeune et mystérieux Andrea, l'un des patients de son mari, qui
l'amène à se prostituer dans une maison close déguisée
en atelier. Jalouse de la tournure que prend la relation entre Christina
et Andrea, la tenancière de l'"atelier" révèle
à Christina que tout cela a été manigancé
par son époux, qui assiste aux ébats de sa femme dissimulé
par une glace sans tain. Mais Christina n'en veut pas à Diego :
au contraire, cette petite aventure a ressoudé leur couple. Rien
à voir, donc, avec la chanson de Julien Clerc. D'Amato fera un
remake modernisé et fauché de ce film avec Désirs
secrets. Dans le rôle du Dr Diego, Marino Masé, un acteur
à l'étonnante carrière, partagée entre auteurisme
(Les Carabiniers de Godard où il est Ulysse, Les poings dans les
poches de Bellochio, Le ventre de l'architecte de Greenaway) et cinéma
de genre (Le Boss de Fernando Di Leo, Emanuelle autour du monde, Contamination
de Luigi Cozzi).
Lussuria (id., 1986) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Rene Rivet. Ph. Joe D'Amato [A. Massaccesi]. Mus. Guido Anelli, Stefano
Mainetti. Int. Lilli Carati, Noemie Chelkoff, Al Cliver [Pier Luigi Conti],
Ursula Foti, Martin Philips. (2)
"Les nuits d'un jeune homme sont hantées par un cauchemar
récurrent : il se retrouve étranglé, impuissant devant
les assauts érotiques d'une femme de son entourage, tour à
tour mère, tante, sur."
La Bonne (Italie/France, 1986) de Salvatore Samperi
Sc. Salvatore Samperi, Alessandro Capone, Luca D'Alisera, Riccardo Ghione.
Ph. Camillo Bazzoni. Mus. Riz Ortolani. Int. Florence Guérin, Katrine
Michelsen, Cyrus Elias, Benito Artesi, Ida Eccher. Sortie française
juillet 1987. (3)
1956. Anna (F. Guérin), la femme au foyer d'un avocat et conseiller
municipal communiste, est peu à peu attirée et dominée
par sa domestique, Angela (K. Michelsen). Salvatore Samperi se retrouve
ici en terrain connu : l'inversion des rapports entre maître et
domestique était déjà à la base de son plus
grand succès, Malicia (1973), avec Laura Antonelli. Mais La Bonne
déçoit un peu en regard de la réputation du réalisateur,
généralement considéré comme l'un des grands
maîtres de l'érotisme made in Italy, avec des titres comme
Malicia, Péché véniel (1973), Scandale (1976), Nené
(1977), ou Fotografando Patrizia (1984). Les moments purement érotiques
sont très réussis (cf. la scène où les deux
femmes se masturbent face à face les pieds dans l'eau), et c'est
plutôt le rapport qu'ils entretiennent avec le contexte socio-politique
qui convainc à moitié. Les vicissitudes du mari d'Angela
- en plein débat sur l'invasion soviétique en Hongrie et
sur le point de défendre un jeune fasciste, il est accusé
par ses camarades de s'embourgeoiser - sont trop rapidement esquissées
pour entrer pleinement en résonance avec la relation Anna/Angela.
La fin est assez ambiguè : Angela est congédiée car
elle est enceinte (suite à une soirée où Angela l'a
obligée à être pénétrée, ce qu'elle
refusait jusqu'alors) et Anna attend l'enfant qui finira de faire d'elle
une femme respectable. Samperi dénonce t-il l'éternelle
naïveté du peuple ou le reniement des idéaux et l'inévitable
embourgeoisement de ceux (les communistes) qui sont censés le défendre
? Est-ce une métaphore sur le cynisme inconscient mais constitutif
de la social-démocratie ? Héroïne du Déclic
(Jean-Louis Richard, 1985) d'après Manara, la Française
Florence Guérin faisait avec La Bonne son entrée dans le
cercle des petites stars du cinéma sexy italien. On a pu récemment
voir la Danoise Katrine (ou Trine) Michelsen dans Les Idiots de Lars von
Trier, où elle interprétait le rôle de Nana.
Manhattan Gigolo (Manhattan Gigolò, 1986) d'Aaron Humberstone [Amasio
Damiani]
Int. Gianni Dei, Andrea Rebecca Thompson, Aris Iliopoulos, Joel Kiddings,
Wendy Kieloff. (2)
"Gianni, un jeune acteur italien, tente sa chance à New York.
Hébergé par son compatriote Rodolfo, il devient malgré
lui gigolo pour de riches voyeurs."
Penombra (id., 1986) d'Alex Romano [Bruno Gaburro]
Int. Maurice Poli, Paola Senatore, Carmen Di Pietro. (2)
"Mariée à un riche propriétaire terrien, Osvaldo
Rainiger, Marie trompe son ennui et son mari en compagnie d'Alessio. Lors
d'une fête, celui-ci gagne en trichant une grosse somme d'argent.
Il incite Marie à lui remettre les bijoux de la belle-famille et
à quitter son mari."
Scandaleuse Gilda (Scandalosa Gilda, 1986) de Gabriele Lavia
Sc. Riccardo Ghione, Gabriele Lavia. Ph. Mario Vulpiani. Mus. Giorgio
Carnini. Int. Monica Guerritore, Gabriele Lavia, Pina Cei, Jasmine Maimone,
Dario Mazzoli. Sortie française décembre 86. (1)
Une des cinq réalisations de l'acteur Gabriele Lavia, vu notamment
dans Profondo rosso et Inferno de Dario Argento.
Scirocco (Amantide - Scirocco, Italie/France, 1986) d'Aldo Lado
Sc. Fiorenzo Senese, Aldo Muschietti. Ph. Ramon Suarez. Mus. Pino Donaggio.
Int. Fiona Gélin, Enzo Decaro, Yves Collignon, Joshua McDonald,
Gianluigi Ghione. Sortie française août 1987. (1)
Léa, épouse insatisfaite d'un prospecteur pétrolier,
suit son mari dans un pays arabe. Elle y rencontre un homme qui l'entraîne
dans une relation sado-masochiste... Beaucoup de clichés sur l'Orient,
sa sensualité, ses dangers
Fiona Gélin fait plutôt
bien ce qu'on lui a demandé tout au long des années 80 :
se déshabiller.
Onze jours, onze nuits (Eleven Days, Eleven Nights / Undici giorni, undici
notti, 1987) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Sarah Asproon [A. Massaccesi], Clyde Anderson [Claudio Fragasso].
Ph. Federico Slonisco [A. Massaccesi]. Mus. Piero Montanari. Int. Jessica
Moore [Luciana Ottoviani], Mary Sellers, Joshua McDonald, Tom Mojack.
(1)
Sarah Asproon écrit un livre sur les 99 hommes politiques avec
lesquels elle a couché. Pour le conclure, elle décide que
le numéro 100 sera un homme ordinaire. Elle s'intéresse
à Michael, un architecte timide qui doit se marier dans douze jours.
Sarah l'aborde en lui déclarant qu'elle le veut chaque nuit avant
son mariage. S'ensuit une série de jeux sexuels durant lesquels
Sarah commence à tomber amoureuse de Michael... Onze jours, onze
nuits inaugure la "période américaine" de D'Amato
; comme son titre l'indique, il est directement inspiré du 9 semaines
et demie d'Adrian Lyne (1986), dont il inverse les rôles. Le film
n'en est pas pour autant féministe ni même vaguement bon
; il est toutefois plus excitant que son modèle américain
(ce qui n'est certes pas un exploit) grâce à l'altière
Jessica Moore. Grand succès dans les salles italiennes et anglaises
(!), Onze jours, onze nuits est le premier volet de ce que les exégètes
massaccesiens nomment la "trilogie Sarah Asproon", qui comprend
également Tendre libertine et L'esclave des sens.
Tendre libertine (Top Model, 1987) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Joe D'Amato [A. Massaccesi], Gloria Miles. Int. Jessica Moore [Luciana
Ottoviani], James Sutterfield, Ale Dugas, Laura Gemser [Moira Chen], Jason
Saucier. (3)
Ou le retour de Sarah Asproon. Cette fois, notre sensuelle écrivaine
effectue des recherches pour un livre sur la prostitution de haut vol
; voulant une documentation de première main, elle met sur pied
une agence de call-girls. Mais, un jour, elle tombe amoureuse de Cliff
Perry, un homosexuel... La brièveté de la carrière
de Jessica Moore (moins de dix films en quatre ans) s'expliquerait, selon
D'Amato, par la jalousie de son petit ami.
L'esclave des sens (Afternoon / Pomeriggio caldo, 1987) de Joe D'Amato
[Aristide Massaccesi]
Sc. David Resseguier. Ph. Federiko Slonisko [A. Massaccesi]. Mus. Piero
Montanari. Int. Valentine Demy [Marisa Parra], Allen Cort, Carey Sally,
Robert LaBrosse. (2)
Un couple se dispute à la Nouvelle-Orléans ; la femme se
retrouve mêlée aux activités d'une secte vaudou...
Dans cet Afternoon bien insipide, D'Amato semble abuser encore plus que
d'habitude de cette "figure de style", bien connue des faiseurs
de films de cul, qui consiste, lors de longues scènes noyées
par une muzak innommable, à promener son actrice dans les rues,
et à la montrer faisant du shopping, prenant des photos... tout
cela pour amener le métrage jusqu'aux quatre-vingt-dix minutes
réglementaires. Ancienne championne d'Italie de bodybuilding, l'envoûtante
Valentine Demy fut la reine incontestée du softcore de la fin des
années 80, tournant avec tous les "ténors" du
genre - Tinto Brass, D'Amato, Sergio Bergonzelli, Lorenzo Onorati, Pasquale
Fanetti... Depuis quelques années, elle est passée au hardcore.
Sexy Dancing (Amore sporco / Dirty Love, 1987) de Joe D'Amato [Aristide
Massaccesi]
Sc. Daniel Davis. Ph. Federico Slonisco [A. Massaccesi]. Mus. Pahamian.
Int. Valentine Demy [Marisa Parra], Cully Holland, Jannet Lori, Lisa Lowenstein,
Rick Anthony Munroe. (2)
Après avoir accomodé 9 semaines et demie à sa manière,
D'Amato s'inspire d'un autre film d'Adrian Lyne, Flashdance, pour ce récit
des tribulations de Terry, jeune danseuse avide de notoriété.
Pour Valentine Demy, uniquement.
La dernière étreinte (Una donna da scoprire, 1987) de Riccardo
Sesani
Int. Agostina Belli, Antonio Marsina, Marina Suma, Jean-Marie Marion.
(2)
"Ancienne vedette de rock tombée dans la déchéance,
Donna est prête à se donner au premier venu. Son imprésario
encourage son penchant pour l'alcool pour mieux la dominer. Mais l'arrivée
d'un jeune photographe va tout changer." Agostina Belli a fait de
meilleurs films dans les années 70 ; elle est surtout connue pour
avoir été la partenaire de Vittorio Gassman dans Parfum
de femme (1974) de Dino Risi.
Trouble jeu (L'Attrazione, 1987) de Mario Gariazzo
Sc. Mario Gariazzo. Ph. Silvio Fraschetti. Mus. Franco Campanino. Int.
Florence Guérin, Marino Masé, Martine Brochard, Stefano
Sabelli, Adriana Giuffrè, Ann Margaret Hughes. (3) [diffusé
sur RTL9 sous le titre Attraction fatale].
"Nadine, une jeune photographe, choisit une riche demeure pour réaliser
une série de clichés de lingerie féminine. Elle est
troublée par sa première rencontre avec les propriétaires,
Lucia et Victor. La séance de photos terminée, Victor propose
à Nadine une étrange partie d'échecs : le perdant
doit se plier à tous les désirs du vainqueur. Elle accepte.
S'engage alors un duel érotique sous le regard de Lucia."
Faiseur opportuniste depuis la fin des années 60, Mario Gariazzo
a donné dans le western (Acquasanta Joe), le polar violent (La
Fureur d'un flic), le sous-Exorciste (La Possédée) ou la
SF à extraterrestres (La quatrième rencontre)... Le fait
qu'il ait réalisé trois (peu passionnants) films de cul
entre 1987 et 1990 témoigne de l'attrait commercial du genre à
l'époque.
Chantage intime (Abat-jour, 1988) de Lawrence Webber [Lorenzo Onorati]
Sc. Lawrence Webber [Lorenzo Onorati]. Ph. Pasquale Fanetti. Mus. Jay
Horus. Int. Ramba [Malù], Gianluigi Ghione, Aldo Brell, Baby Pozzi,
Filly Bell, Marc Copin. (4)
"Camille, brune incendiaire, met à ses pieds l'homme qui a
causé la décadence de sa famille, et le mari de la fille
de ce dernier." Débutant à la fin des années
70, Lorenzo Onorati a dédié toute sa carrière, soit
une quinzaine de films, à l'érotisme. Aldo Brell, plus connu
sous le nom de Sambrell, fut l'un des seconds rôles fétiches
du western spaghetti ; on peut le voir dans la trilogie des dollars de
Leone, Le dernier face à face de Sergio Sollima, El Chuncho de
Damiano Damiani...
Jeux brûlants (Intimo, 1988) de Bob J. Ross [Beppe Cinno]
Sc. Bob J. Ross [B. Cino]. Ph. Franco Delli Colli. Int. Eva Grimaldi,
Leonardo Treviglio, Tomas Arana, Marisa Parra. (5)
Un parfait exemple du ridicule dans lequel tombent immanquablement les
faiseurs du dimanche soir quand ils se prennent un peu trop au sérieux.
Lors d'un défilé de lingerie, Tea (E. Grimaldi), l'un des
mannequins, est interpellée par l'énigmatique Karl (L. Treviglio)
qui lui déclare tout de go : "Dommage qu'il te manque le plus
important...". S'en suit un rituel de séduction vaguement
sado-masochiste - B. Cino a dû, lui aussi, être traumatisé
par 9 semaines et demie - où notre pervers à deux centimes
aligne les répliques involontairement désopilantes, du genre
"Je te désire tellement que j'ai peur de ne plus te désirer
après " ou "Je vais remettre cette horrible cage qui
pourtant protège un magnifique écrin, l'écrin de
nos désirs" (il parle de sa culotte). Heureusement, pour égayer
ce festival d'âneries, le chevronné Franco Delli Colli (il
uvra notamment sur Tire encore si tu peux, western cultissime de
Giuilo Questi) baigne les décors d'un bariolage typiquement giallo
- du vert, du bleu, du rouge - qui tranche agréablement avec l'image
platement beigâtre de la majorité des productions italiennes
présentées sur M6. Les mélomanes, de leur côté,
apprécieront les interventions d'un pittoresque groupe cold wave
à mi-chemin entre Bauhaus et Desireless. Petite star en Italie,
Eva Grimaldi est connue chez nous pour avoir joué les utilités
dans Les anges gardiens de Jean-Marie Poiré ; Leonardo Treviglio
tenait le rôle-titre du Sebastiane, film de Derek Jarman parlé
en latin ; et Tomas Arana (le maître d'hôtel qui fait l'amour
aux femmes avec sa canne) figura dans quelques bons films d'horreur de
son pays (Sanctuaire et La Secte de Michele Soavi, Macabro de Lamberto
Bava) avant de partir jouer les troisièmes couteaux à Hollywood
(Tombstone, L.A. Confidential...). Valentine Demy, dans un rôle
secondaire, apparaît sous son vrai nom, Marisa Parra.
Intrigues sensuelles (Intrigo d'amore, 1988) de Roy Garrett [Mario Gariazzo]
Sc. Mario Gariazzo. Ph. Aldo Ricci. Mus. Paolo Rustichelli. Int. Milly
D'Abbraccio, Emy Valentino, Gino Concari, Valentine Demy [Marisa Parra],
Paolina Sukova, Antonio Zequila, Daniela Alviani. (2)
Billy est un jeune photographe qui réalise pour des épouses
frustrées des albums censés réveiller la libido de
leurs époux. Suite à une annonce dans un journal, il est
contacté par trois femmes : Janet, mariée à Bob,
un policier ; Laureen, épouse de Frank, un employé de banque
; et Evelyn, femme de Ralph, un avocat. Durant les séances de pose,
il couche avec chacune d'entre elles et tombe amoureux d'Evelyn. Quand
quelqu'un fait chanter les trois femmes, Billy est suspecté. Mais,
après enquête, Bob découvre que le coupable est Frank.
Quand il se rend chez Billy pour le lui apprendre, il découvre
son cadavre ainsi que celui d'Evelyn. Le meurtrier est Ralph, que Bob
arrête. Passée au porno en 1993, Milly D'Abbraccio est l'une
des plus célèbres hardeuses italiennes ; il y a quelques
années, elle a défrayé la chronique pour avoir été
la fiancée d'un député.
Corruption (Provocazione, 1988) de Piero Vivarelli
Sc. Patrizia Rosso, Piero Vivarelli. Mus. Roberto Ciotti. Int. Moana Pozzi,
Marino Masé, Petra Scharbach. (1)
"Depuis la mort de leur père, Vivi et Kiki ont été
confiées à leur belle-mère, Vanessa. Celle-ci, à
l'approche de leurs examens, a fait appel à son vieil ami Mario,
un vieux révolutionnaire désabusé devenu professeur
de philosophie afin de prendre en charge les révisions des deux
jeunes filles. Dans le cadre enchanteur d'une petite île italienne,
Vivi et Kiki ont bien du mal à se concentrer sur leurs études.
lorsqu'elles réalisent que Vanessa et Mario sont amants, les deux
surs, jalouses, décident de séduire leur professeur.
La chose se révèle moins ardue que prévu. Quand Vanessa
réalise que Mario la trompe, elle entre dans une colère
noire..." Débutant sa carrière de réalisateur
au début des années 60, Piero Vivarelli s'est intéressé
à l'érotisme dès le début des années
70 avec La possédée du vice (Il dio serpente) et Le Décameron
noir. En tant que scénariste, il a participé à Django
(Sergio Corbucci, 1966) et, dans un registre différent, à
deux Black Emanuelle (en Orient, en Amérique). Grande amie de La
Cicciolina, Moana Pozzi fut, avant de disparaître prématurément
en 1994, la pornostar la plus fameuse qu'ait connue l'Italie.
Les fantasmes de Laura (Velvet Dreams, Italie/Espagne, 1988) de Vincent
[Vincenzo] Salviani
Sc. Vincenzo Salviani. Ph. Renato Doria. Mus. Claudio Natili. Int. Kathy
Shower, Brett Halsey, Ezio Prosperi, Alicia Moro, Raquel Evans. (2)
"Laura écrit des nouvelles érotiques. Son mari, Paul,
un homme torturé et maussade, exerce sur elle une telle domination
qu'elle est devenue le jouet de ses caprices. Laura se tourne vers son
amie, Anna, pour lui demander du soutien et devient la maîtresse
de son fils. Parallèlement, Paul est impliqué dans une sombre
affaire de mafia et fuit vers l'Espagne." L'Américain Brett
Halsey fut le héros de deux beaux films historiques de Riccardo
Freda, Sept épées pour le roi (1962) et L'Aigle de Florence
(1963) ; Kathy Shower a été Playmate de l'année en
1985.
Félicité ou le canapé rouge (Casa di piacere?, 1989)
d'Alex Damiano
Int. Valentine Demy [Marisa Parra]. (3)
"Félicité, une ex-call-girl de luxe, réussit
à se faire épouser par un vieil admirateur très riche.
Devenue veuve, elle hérite d'une superbe propriété
et commence une nouvelle vie. Chez un antiquaire, elle retrouve et achète
un vieux sofa rouge, qui faisait partie du mobilier de la maison de rendez-vous
où elle a travaillé."
Onze jours, onze nuits 2 (Eleven days eleven nights 2 / Undici giorni
undici notti 2, 1989) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Int. Kristine Rose, Ruth Collins, Frederick Lewis. (5)
"A la mort d'un milliardaire, une femme écrivain à
succès est chargée d'aller superviser, onze jours et onze
nuits durant, les héritiers pour déterminer les plus méritants."
L'amant (Malù e l'amante, 1989) de Frank De Niro [Pasquale Fanetti]
Sc. Frank De Niro [Pasquale Fanetti]. Ph. Pasquale Fanetti. Int. Malù,
Anthony Steffen [Antonio de Teffé], Barbara Blasko, Debora Cali.
(2)
"Par reconnaissance envers son ancien régisseur qui s'était
porté au secours de son épouse, un homme ferme les yeux
sur leur relation adultère." Une vieille gloire du bis au
générique de cet Amant : Anthony Steffen, héros d'une
vingtaine de westerns spaghetti et figure culte pour les fans les plus
enragés du genre.
La maîtresse de Venise (La señora del Oriente Express, Espagne,
1989) de Frank C. De Lucia [Franco Lo Cascio].
Sc. Vincenzo Gallo, Franco Lo Cascio. Ph. Renato Doria. Mus. Cluster.
Int. Melissa Lang [Malisa Longo], Pico Herreño Tomas, Carol Blake,
Rafols Olea Domingo, George Towers, Burt Carrington. (4)
John, la cinquantaine, n'arrive plus à satisfaire son épouse
Gloria, la quarantaine. Pour y remédier, ils décident de
faire un voyage dans l'Orient Express. Dans le train, Gloria aguiche différents
passagers sans jamais conclure, puis raconte ses "aventures"
à un John au bord de l'apoplexie (il a dû trop voir La Clé)...
mais tout cela n'était qu'un rêve (raaah !) de Gloria et,
en fait, le couple n'a pas quitté Venise. Laidement touristique
et laborieux (cf. les "pittoresques" personnages secondaires),
le film a pour unique vertu de déshabiller la belle Malisa Longo,
grande vedette de l'érotisme italien depuis le début des
années 70 (c'est elle qui se dénude devant Bruce Lee dans
La fureur du dragon). Franco Lo Cascio est mieux connu sous le nom de
Luca Damiano. Baignant, comme D'Amato, dès son plus jeune âge
dans le monde du cinéma (sa mère était une collaboratrice
de Vittorio De Sica), il est d'abord assistant pour Fernando Di Leo, Ninno
Loy ou Lina Wertmuller. En tant que réalisateur et producteur,
il s'oriente rapidement vers l'érotisme : pionnier du porno transalpin
au début des années 80, il produit L'alcova et La femme
pervertie de D'Amato. Il retrouvera ce dernier dans les années
90, durant lesquelles il devient un spécialiste des grosses productions
X en costumes, qui se voudraient luxueuses et truculentes mais qui sont
en fait moches et lourdingues : citons Hamlet, l'interminable série
du Décameron, La Comtesse Gamiani ou encore La Belle et la Bête,
tentative de comédie musicale porno abyssalement nulle.
Frisson (Spogliando Valeria, 1989) de Bruno Gaburro
Int. Donald Burton, Gino Concari, Dalila Di Lazzaro, Federica Farnese,
Gérard Manzetti. (3)
"Walter, célèbre musicien, trouve la mort dans un accident
de voiture. Kris, son élève et ami, en tournée avec
une star du rock, reçoit un "message" de son maître,
lui demandant de poursuivre son uvre. De chez Walter, où
il est installé, Kris est témoin d'un meurtre."
Thrilling Love (id., 1989) de Maurizio Pradeaux
Sc. Barbara Seidel. Ph. Remo Grisanti. Mus. Eduardo Alfieri. Int. Tony
Kendall [Luciano Stella], Charon Cain, Flavio Lazzini, Helen Bejani. (2)
"Un producteur américain arrive à Rome pour tourner
un film. Son ex-petite-amie, Katia, mariée à un homme d'affaires,
a collaboré avec lui au scénario." Deux vétérans
au générique de ce (pas si) Thrilling (que ça) Love
: Maurizio Pradeaux (58 ans), responsable notamment en 1968 des Léopards
de Churchill avec Richard Harrison et Klaus Kinski, et Tony Kendall (53
ans), présent dans Le corps et le fouet (Mario Bava, 1963), et,
par huit fois, interprète du "Commissaire X", un sous
James Bond des années 60.
Jeux sensuels à Rio (Attrazione selvaggia, 1990) de Michele Massimo
Tarantini
Sc. Orlando Corradi. Ph. Edson Baptista. Mus. Tom Da Bahia. Int. Gisele
Fraga, Raul Gazolla, Andreia Fetter, Luciana Fontenella, Rocco Tano (=Rocco
Siffredi). (4)
Un mari de cinquante ans... sa femme de trente ans... un jeune peintre
amoureux... etc. C'est le dernier film répertorié de Michele
Massimo Tarantini - également connu sous son pseudo de Michael
E. Lemick - qui, dans les années 70, fut l'un des principaux pourvoyeurs
des grosses comédies mettant en scène La toubib, La prof,
ou La flic. Il tourna ainsi cinq fois avec Edwige Fenech, la grande star
de ces productions peu finaudes (quoique La flic chez les poulets, c'est
assez marrant).
Désir (Desideri?/ Dirty Love 2, 1990) de Michael Cardoso [Bruno
Mattei]
Int. Josie Bissett, Peter Mark, Courtney Allen, Gabriella Foro.(2)
"Jessica Harrison, jeune et belle pianiste américaine, arrive
à Venise en plein carnaval, pour y passer un concours musical.
Le directeur de l'école lui offre de séjourner dans une
superbe maison." Certaines filmographies attribuent ce film à
son producteur, Joe D'Amato - le titre anglais alternatif en fait d'ailleurs
une pseudo suite à son Sexy Dancing. Bruno Mattei est une véritable
légende pour les amateurs du bis le plus déviant. Monteur
de formation, il aborde la réalisation au milieu des années
70. Adepte du glauque, il signe en 1977 deux svatisca pornos (KZ9-Lager
di Sterminio et Casa privata per le SS), et en 1980 deux films de nunsploitation(4)(L'autre
enfer et Les novices libertines). En 1981 et 1983, il commet Virus Cannibale
et Les rats de Manhattan, deux nanars gratinés qui feront de lui
un des réalisateurs favoris des amateurs de Z. Parmi sa trentaine
de films, on peut encore distinguer Pénitencier de femmes (1982)
et Révolte au pénitencier des filles (1983), WIP films avec
Laura Gemser ; Scalps et Apache Kid (1986), westerns tardifs ; ou Robowar
(1988), un piteux décalque de Predator. Josie Bissett, bien connue
à présent pour être l'une des vedettes de Melrose
Place, joua dans une autre production de D'Amato, Paura nel buio / Hitcher
2 d'Umberto Lenzi.
Désirs interdits de Giorgio Simonetti (?, 1990?)
Int. Laura Gentili, Sandro Romagnoli. (2)
Italie, années 30. Stephano, un adolescent (forcément) timide,
est hébergé par son oncle et sa tante. Il est attiré
par cette dernière, qui n'hésite pas à se déshabiller
devant lui pour l'aguicher. Il finit par coucher avec elle mais, une fois
l'acte accompli, elle se révèle très distante à
son égard. Les gags ne sont pas très fins (voir la tante
qui se masturbe pendant un discours de Mussolini que son mari, membre
du parti fasciste, écoute religieusement) mais la frustration du
jeune gars est assez bien gérée, voire communicative, à
condition toutefois d'accepter la vulgarité de l'actrice principale,
une fausse blonde maigre à la décoloration particulièrement
agressive.
Les tentations de Sylvia (Fatal Temptation, 1990) de Bob J. Ross [Beppe
Cino]
Sc. Bob J. Ross [B. Cino]. Ph. Franco Delli Colli. Int. Loredana Romito,
John Armstead, Margarete Hughes. (4)
"Propriétaire d'un hôtel, Paolo est un Don Juan impénitent
qui trompe très souvent sa femme, Sylvia. Un accident va bouleverser
les rapports de force du couple. Paolo est devenu aveugle et Sylvia se
venge en prenant un amant."
La maison des fantasmes (La Puritana, 1990) de Nini [Antonio] Grassia
Sc. Nini Grassia. Ph. Luigi Ciccarese. Mus. Aldo Tamborelli, Nini Grassia.
Int. Margie [Margrit Evelyn] Newton, Helmut Berger, Dario Casalini, Gabriele
Tinti, Carlo Mucari, Annamaria Clementi. (4)
Une belle avocate provoque la mort des cinq notables qui ont abusé
sexuellement de sa mère et de son jeune frère. Le film est
très médiocre, mais on le suit pourtant de bout en bout
grâce à Margie Newton, une fausse blonde réellement
fascinante. La scène saphique dans le vestiaire du gymnase, où
elle arrose de thé la charmante fille du comte, est un must du
dimanche soir. Nini Grassia a réalisé une vingtaine de films
en autant d'années ; l'un de ses derniers, Annarè (1998),
avec le chanteur vedette Gigi D'Alessio, fut un très gros succès
en Italie, dépassant même les recettes de Titanic dans certaines
villes du pays.
Saveur de femme (Sapore di donna, 1990) de Roy Garrett [Mario Gariazzo]
Sc. Mario Gariazzo. Ph. Aldo Ricci. Int. Debora Cali, David D'Ingeo, Valentine
Demy [Marisa Parra], Antonio Zequila. (2)
Perry, étudiant en médecine, décide de continuer
ses études à Miami. Il y est hébergé par Laurie,
une connaissance de sa mère. Il rencontre Sheila, une amie de Laurie,
et en tombe amoureux, mais elle ne l'aime pas. Vient s'ajouter à
ce trio Billy, un ami de Perry. Quelques péripéties plus
tard, Billy meurt dans un accident après s'être disputé
avec Perry. A ce moment-là, le spectateur découvre que tout
ce qu'il vient de voir était un film et que son producteur, qui
ne veut pas d'une fin tragique, décide de le retourner entièrement.
Une belle leçon de courage scénaristique.
Caresses de feu (Scent of passion / La strana voglia, 1990) de Pasquale
Fanetti
Sc. Leandro Lucchetti d'après Théophile Gautier. Mus. Nico
Fidenco. Int. Malù, Angeles Lopez, Giancarlo Teodori, Suada Herak.
(2)
"Un chorégraphe décide de créer la femme idéale.
Il recueille une jeune clocharde et la façonne à sa guise."
La Comtesse impudique (Il sofà, 1990) de Lawrence Webber [Lorenzo
Onorati]
Int. Valentine Demy [Marisa Parra], Gino Conquart [Concari], Miriam Axa,
Virna Anderson. (4)
"Se faisant passer pour un photographe, un détective privé
enquête sur une jeune comtesse qui est soupçonnée
d'avoir tué son mari."
Un détective très privé (Bassi istinti, 1991) de
Silvio Bandinelli
Sc. Silvio Bandinelli, Ernesto de Pascale. Ph. Franco Taccola. Mus. Marco
Lamioni. Int. Nellie Marie Vickers, Joseph Nassivera, Teresa Weigel, Federick
Pantandossi, Eva Pandossino, Rocco Tano (=Rocco Siffredi). (1)
Version soft (et distribuée en salles en Italie) de Masquerade,
Bassi istinti est le premier film de Silvio Bandinelli. Ce réalisateur
se singularise de ses confrères pornographes par sa cinéphilie
éclectique (il cite aussi bien Antonioni et Carmelo Bene que Lucio
Fulci et Nando La toubib du régiment Cicero) et l'ambition de ses
sujets. Il a notamment signé un prometteur Il Sequestro-Sindrome
di Stoccolma avec Rocco Siffredi et Valentine Demy, Anno di piombo, qui
se déroule pendant les années de lutte armée, S.D.F.,
et Mamma (nominé aux derniers Hot D'Or). Homme d'affaires avisé,
il est également, grâce à sa société
Showtime, le producteur/distributeur qui monte dans le business porno
italien (cf. le court article que lui consacre Hot Vidéo dans son
spécial Italie de mai 1999). Nellie Marie Vickers et Joseph Nassivera
sont en fait les hardeurs américains Raven et Joey Silvera (un
éprouvant moustachu bedonnant), qui ont utilisé leurs vrais
patronymes. Quant à Eva Pandossino, il s'agirait d'Eva Orlowsky,
autre star des films de boules. Teresa (ou Teri) Weigel fut la Playmate
d'avril 1986.
Délicieuse libertine (Tre giorni d'amore, 1991) de Franck De Niro
[Pasquale Fanetti]
Sc., ph. Pasqualino [Pasquale] Fanetti. Mus. Stefano Curti. Int. Monica
Seller, Linda Carol, Carlo Mucari, Mario Ferracuti. (4)
Ex-mannequin reconverti danseuse de boîte de nuit, Lulu Starlet
(M. Seller) profite de trois jours passés dans la station balnéaire
de Rimini pour quitter deux hommes encombrants : son vieil impresario
libidineux (M. Ferracuti) et son fiancé (C. Mucari), un petit escroc
adepte du triolisme. Pasquale Fanetti accumule les postes - réalisation,
scénario, photo et production - mais n'assure à aucun ;
son film est un parfait concentré de tous les défauts des
mauvais films italiens du dimanche soir : scénario bêtassou,
photo super tristounette, découpage de sitcom et musique de la
mort. Les numéros de Lulu en discothèque sont des sommets
de ringardisme irrécupérable - d'autant plus que Monica
Seller ne sait absolument pas danser. A noter que la Monica Seller de
ce film et la Monica Seller de La maîtresse de Saigon ne se ressemblent
pas du tout, c'est peut-être pourquoi la première est parfois
créditée en tant que Monica Rak.
Histoires d'O : brûlantes passions / Histoires d'O : plaisirs secrets
(Story of O, the Series, Espagne, 1992) de Ron Williams
Sc. Jennifer Field, Ron Williams d'après Pauline Réage.
Ph. Antonio Luiz Mendes. Int. Claudia Cepeda, Paolo Reis, Amandio Freitas,
Laura Alves. (1)
Un téléfilm espagnol en deux parties inspiré du célèbre
roman de Pauline Réage (bâillements).
Kreola (id., 1993) d'Antonio Bonifacio
Sc. Daniele Stroppa. Ph. Ed Francoleti, Angelo Lanutti. Int. Theo Losito,
John Armstead, Cinzia Monraele (3)
La maîtresse de Saigon (Il labirinto dei sensi, 1993) de Joe D'Amato
[Aristide Massaccesi]
Sc. Lester Wong. Ph. Federico Sloniko [A. Massaccesi]. Mus. Piero Montanari.
Int. Monica Seller, Steven Rogers, Lora Luna, Mike Monty, Muriel Lim,
Ricky Jonez, Liezl Santos. (5)
Fraîchement sortie du couvent, la Suissesse Valérie Dalmont
est engagée comme gouvernante par les Chao, une riche famille indochinoise
désunie. Elle couche avec le père, la mère et le
fils (qui est alors "guéri" de ses penchants homosexuels)
et, finalement, le grand-père l'épouse. Morne représentant
du softcore italien en dépit de la jolie Monica Seller, le film
interpelle le spectateur attentif par plusieurs éléments
curieux. D'abord, la reconstitution est réduite au minimum : le
côté rétro se limite à la seule mention de
l'Indochine dans le dialogue. Plus fâcheux : les Chao sont censés
être asiatiques, alors que - à l'exception de la mère
- ils sont interprétés par de (mauvais) acteurs manifestement
anglo-saxons. Selon son degré de patience et d'inclination pour
la série Z, on prendra cela comme a) un bâclage désinvolte,
b) les inévitables aléas d'un maigre budget ou c) les signes
d'une distanciation ironique très sophistiquée. L'histoire
(qui rappelle vaguement celle de Malicia de Samperi) est, par contre,
indéniablement traitée à la va-vite. Pendant tout
le film, Valérie paraît trop altruiste pour être honnête
et on subodore qu'elle cache un secret, voire qu'elle cherche à
se venger. Mais on n'en saura jamais rien : le mariage final avec le grand-père
apparaît moins comme le fruit du machiavélisme de Valérie
que comme une façon de finir rapidement le film. Produit comme
Désirs secrets par la Variety Film Communication (moins une société
a de moyens, plus son nom est ronflant), La maîtresse de Saïgon
fait partie de la "période asiatique" de D'Amato, qui
profitait alors des succès au box office italien du hongkongais
Sex and Zen et de L'amant de Jean-Jacques Annaud. La même année,
il réalisa trois films sous les pseudos de Chang Lee Sung et Robert
Yip : I racconti della camera rossa, China & sex et Chinese kamasutra.
Désirs secrets (La casa del piacere?, 1993?) de Joe D'Amato [Aristide
Massaccesi]
Sc. Dan Chang. Ph. Federico Slonisko [A. Massaccesi]. Mus. Piero Montanari.
Int. Irina Kramer, Nick Nicholson, Marco S. Gonsalvez, Andrea Ruiz, Liezl
Santos. (5)
Lord Sutton (N. Nicholson) et sa jeune épouse Eleonor (I. Kramer)
sont en voyage de noces à Canton. Mais le vieux mari en profite
(apparemment) pour régler des affaires (il est dans le commerce
de la soie), laissant seule Eleonor avec leur hôte, M. Lin (M.S.
Gonsalvez), à qui elle ne résistera pas longtemps (un quart
d'heure). Ce dernier amène la jeune femme dans son atelier de couture
qui dissimule une maison de passe où ses ébats sont filmés
pour le plus grand plaisir de... son mari qui avait tout manigancé.
Le film est donc un remake de La fille aux bas nylon (1986), où
la caméra de surveillance remplace le miroir sans tain. Une erreur
/ un clin d'il / un foutage de gueule (selon l'humeur) à
signaler : alors que l'action est censée se dérouler à
Canton, D'Amato cadre pendant cinq bonnes secondes une plaque d'immatriculation
des Philippines.
La scandaleuse signora (?, 1994) d'Alex Perry [Alessandro Perrella]
Sc. Alex Perry [A. Perrella]. Ph. Anthony [Antonio] Macoppi. Mus. G.L.
Black. Int. Rock Malcovich (=Rocco Siffredi), Carol Martine, Jeremy Happener,
Andrea Molnar, Chet Anutzek (=Jon Dough), Deirdre Holland [Martine Anusezk].
(2)
Délaissée et humiliée par son mari peintre, le comte
Camillo Molinari di Mirossa (J. Happener), Helen (C. Martine) se jette,
après moult hésitations, dans les bras de l'antiquaire Massimo
Bini (R. Siffredi). Comme les deux films suivants d'Alex Perry, c'est
la version soft d'une production X de "prestige". Rocco Siffredi
a vingt fois plus de dialogue que dans Romance de Catherine Breillat mais,
paradoxalement, il apparaît beaucoup moins déshabillé.
Le film est en effet représentatif des effets pervers du passage
du hard au soft, qui s'effectue selon trois cas de figure : 1) ça
coupe très vite après le début des hostilités
; 2) la scène est découpée en deux séries
de gros plans sur les visages des participants ; 3) l'homme garde son
pantalon et la femme sa culotte, ce qui est assez peu convaincant. Jon
Dough, hardeur américain aux centaines de films et à l'air
bête, accompagne son épouse, la Néerlandaise Deirdre
Holland.
Les tentations de Betty (Betty Blue, 1995) d'Alex Perry [Alessandro Perrella]
Ph. Louis C.K. Rees. Mus. Tambor Perry. Int. Anita Rinaldi, Hervé-Pierre
Gustave, Eros Boletti, Tanya Larivière, Francesco Malcom, Lea Martini,
Jennifer Dior, Maria De Sanchez. (1)
Pour les critères de l'industrie porno, Betty Blue est une superproduction
: tourné à Paris et Florence, le film coûta plus d'un
million de francs. Mais, pour le téléspectateur lambda,
ce n'est guère plus palpitant qu'un épisode mou de Derrick.
Rebecca (id., 1995) d'Alex Perry [Alessandro Perrella]
Sc. Alex Perry [Alessandro Perrella], Ron Williams d'après Elisabeth
Orsini. Ph. Scotty Fox. Mus. Mirneg. Int. Jennifer Jones [Anita Rinaldi],
Christopher [Christophe] Clark, Simone Sullivan [Simona Valli], Gerry
Pike. (3)
Lorenzo (C. Clark), duc de son état, n'est pas gentil avec son
épouse, Rebecca : il la trompe sans arrêt avec Jolanda (S.
Valli) et l'humilie en public... Dépitée, elle pleurniche
et se console avec le garçon d'écurie (G. Pike). Mais, à
la fin, le comportement de Lorenzo s'explique : atteint d'un mal incurable,
il se rendait odieux pour que Rebecca ne souffre pas de sa disparition.
Une tentative de mélo porno qui ne convainc pas du tout. Le Français
Christophe Clark est peut-être le hardeur le plus apte à
tenir des rôles de "composition" (il fut Hamlet pour Luca
Damiano, un pseudo Hannibal Lecter dans Délit de séduction
de Michel Ricaud) mais il n'a pas l'étoffe pour donner une quelconque
profondeur à son personnage de faux rustre. Même chose pour
la reconstitution : relativement plus élaborée que celle
du porno costumé standard, elle ne fait guère illusion (cf.
l'affreuse musique au synthé pendant le bal). Clark et Rinaldi
se sont récemment reconvertis avec succès à la réalisation
: le premier avec la série Hongrie interdite, la seconde avec les
surestimés Planet Sex.
Complicité (L'intesa, 1995) d'Antonio D'Agostino
Sc. Antonio D'Agostino. Ph. Fulvio Martinelli. Mus. Gianni Sposito. Int.
Zara Whites [Esther Kooiman], Antonio Zequila, Pascal Persiano, Emy Valentino.
(1)
Pour la vingt-deuxième fois le dimanche soir, un mari vieillissant
envoie, pour réveiller sa libido, sa jeune épouse dans les
bras d'un autre homme. En tentant de se démarquer de ses confrères,
D'Agostino ose des dialogues profonds et envolés : "Tu me
sens bien ? Précisément là où il a fourragé",
"J'aime savoir que chaque fois que je te toucherai, tu seras mouillée"
(le mari), "Il faut que je prenne une douche, chéri, ses trucs
sont encore à l'intérieur de moi" (la femme). Le plus
étonnant est que tout cela est inspiré d'une idée
de Pier Paolo Pasolini !
La fille de lady Chatterley (Lady Chatterley's Passions 2 : Julie's secret,
1995) d'Emanuele Gilsenti.
Ph. Frank De Niro [Pasquale Fanetti]. Int. Solange Cousseau, John Franco,
Roberta Fregonese, Gala Orlova. (3)
Deuxième volet d'une trilogie qui reprend les prémisses
des deux Young Lady Chatterley d'Alan Roberts (1977 et 1982) : découvrant
les aventures de la Lady Chatterley originelle, une de ses descendantes
suit son exemple, pour le plus grand plaisir du personnel de maison...
Le manuscrit de l'amour (?) d'Eddie Alf [Eduardo Alfieri]
Sc. Eddie Alf [Eduardo Alfieri]. Ph. Raoul Capotosto. Mus. Talocci &
Cardinali. Int. Surama Castro, Lucia Prato, Dino Cassio, Katia Crespino,
Claudio Piano, Ida Petruccetti. (2)
Un scénario inutilement compliqué, avec intrigues parallèles
(pendant une demi-heure, on ne comprend pas les relations entre les nombreux
personnages) et mise en abyme (à travers la visualisation des scènes
du manuscrit éponyme, écrit par le mari de l'héroïne
journaliste), qui débouche in fine sur la sempiternelle réconciliation
d'un couple d'âge mûr. Réalisé par le compositeur
de Thrilling Love et "présenté" par Lorenzo Onorati,
le film a comme avantage de ne pas lésiner sur la nudité
et les scènes de sexe (la première et la dernière
scènes sont assez chaudes). Dans les critères propres au
dimanche soir (le film est, en tant qu'objet cinématographique,
nul), on passe donc un moment assez agréable, d'autant plus que
le film comporte quelques instants cocasses telle cette scène où,
pour séduire le mari, la bonne revêt une robe qui, dit-elle,
a été "spécialement étudiée pour
des rituels phalliques". En l'absence de renseignements complémentaires,
on s'en tiendra à la taille des téléphones portables
pour dater le film de 1995 ou 1996.
Top Girl (id., 1996) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Harry Massa [on peut raisonnablement penser qu'il s'agit d'A. Massaccesi].
Ph. Federico Slonisko [A. Massaccesi]. Mus. Piero Montanari. Int. Carla
Solaro, Sonia Topazo, David D'Ingeo, Claudio Keene. (1)
Après avoir gagné un concours, une jeune femme devient star
de soap opera. Peu crédible et languissant, le film vaut tout de
même le coup d'il pour l'attirante et blonde Carla Solaro.
L'auberge des plaisirs (?, 1996?) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Int. Erika Safto Savastani, Faurizia Flanders, Gianni De Martis. (1)
Amélia trompe son mari Carlo avec le séduisant Ronaldo.
Et, une fois de plus, D'Amato = dodo.
Plaisirs diaboliques (Dangerous, Italie/Etats-Unis, 1996) de Joe D'Amato
[Aristide Massaccesi] et Di Salvi
Sc. Robert Lyon. Ph. Federico Slonisko [A. Massaccesi], Maurice Young.
Int. Alex Dane, Mark Davis, Jeanna Fine, Valentino, Gary, Cleopatra, Monica
Orsini, Caterina Rinaldi, Kim Cunnings, Julian St. Jox, Nyrobi Knights,
Walter Mc Dillon, Ursula Stone, Jonathan Morgan. (2)
Donald, un photographe, a cinq jours pour payer une pension alimentaire
d'un demi million de dollars. Apprenant son problème, Richard (M.
Davis) lui propose un marché : en échange de cette somme,
il pourra passer une nuit avec son épouse (A. Dane). Passant dans
le coin, Julia (J. Fine), l'ex-femme de Richard fait la même offre
au photographe. On aura reconnu la trame de Proposition indécente
d'Adrian Lyne, réalisateur qui aura décidément marqué
D'Amato - le film débute d'ailleurs par un strip tease à
la 9 semaines et demie. Le problème, c'est que tout le monde a
couché avec tout le monde au bout de quarante minutes... De plus,
la réalisation est très maladroite, Joe multipliant les
recadrages hasardeux. Mark (ou Marc) Davis est le lauréat des deux
derniers Hot d'Or du meilleur acteur américain. "Di Salvi"
dissimule peut-être Salvo Di Liberto, producteur de plusieurs films
de D'Amato à l'époque, dont celui-ci et L'extase.
L'extase (Flamenco Extasy?, 1996?) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
et Di Salvi.
Sc. Robert Lyon. Ph. Federico Slonisko [A. Massaccesi]. Int. Maria De
Sanchez, Steve Drake, Hakan Joel, Jessika Langes, Monica Orsini, Ursula
Moore, Jolth Walton. (2)
Dans une station touristique de la côte espagnole, Carlo (S. Drake)
et Ursula méditent gravement sur leur séparation ; ils se
retrouvent mais se quittent encore une fois car, pour Carlo, l'appel de
la liberté (et de la rousse d'à côté) est le
plus fort... Parallèlement, une certaine Carmen couche avec plusieurs
hommes (dont Carlo) pour découvrir l'"extase", qu'elle
connaîtra finalement avec un jeune torero (H. Joel). D'Amato semble
vouloir faire son Antonioni, mais on est évidemment à des
billions d'années-lumière de L'avventura ou La notte : la
construction est très nébuleuse (les "scènes"
s'enchaînent sans grand souci de cohérence) et le côté
sérieux débouche inévitablement sur le ridicule.
Lors de la première diffusion du film (Tausend Augen #15, p. 87),
j'écrivais, pour illustrer la monotonie damatienne, qu'il ressemblait
fortement à Flamenco Extasy, porno vu précédemment
: eh bien, ce n'est guère étonnant dans la mesure où
il s'agit sans doute de sa version soft.
Le prix de la chair (La Iena, 1997) de Joe D'Amato [Aristide Massaccesi]
Sc. Dennis J. Ball [Andrea Angioli], David D'Ingeo, Roxanna Cooper [Rosanna
Coggiola]. Ph. Federico Slonisko [A. Massaccesi]. Mus. Max Magagni. Int.
Cinzia Roccaforte, David D'Ingeo, Jason Saucier, Lisa Conshaw, Fonda Rosing.
(1)
Tourné aux Etats-Unis, La Iena rompt quelque peu avec l'habituelle
monotonie des films de cul de D'Amato. En effet, cette histoire de psychopathe
prenant une femme en otage dans sa villa californienne lui permet de renouer
par moments avec ses penchants sadiques d'antan : ainsi on est presque
ému de voir l'héroïne vomir ou la femme de ménage
abattue d'une balle dans la tête.
Dans
le prochain numéro : les films français, américains,
allemands et japonais...
Jacques
Lémurien
1.
Thriller horrifique dans lequel un tueur vêtu et ganté de
noir trucide ses victimes (souvent des jolies femmes) à l'arme
blanche, tout cela dans une mise en scène stylisée aux éclairages
savamment bariolés (pour résumer grossièrement).
Le terme giallo ("jaune") provient de la couleur des couvertures
de romans policiers en Italie ; le giallo cinématographique fut
inauguré dans les années 60 par Mario Bava avec La fille
qui en savait trop et Six femmes pour l'assassin, et c'est suite au succès
de L'oiseau au plumage de cristal de Dario Argento (1969) qu'il devint
l'un des genres les plus pratiqués du cinéma italien.
2. C'est-à-dire (W.I.P. = Women In Prison) le film de femmes en
prison. Le genre a ses codes et ses figures imposées : la directrice
et les matonnes sadiques et/ou lesbiennes, la bagarre de détenues,
la douche collective...
3. Le svatisca porno est en quelque sorte le rejeton aberrant du WIP film.
(Dé)générés par les succès de Portier
de nuit (Liliana Cavani, 1974), Salon Kitty (T. Brass, 1975) et Ilsa,
She-Wolf of the S.S. (Don Edmonds, 1973), les films de cette tendance
irrécupérable prenaient comme décor les camps de
concentration et les bordels de l'armée allemande et mettaient
l'accent sur les tortures et les humiliations subies par les prisonnières.
Parmi les coupables : Bruno Mattei, Sergio Garrone, Cesare Canevari, Rino
di Silvestro, Luigi Batzella.
4. La nunsploitation, contraction de nun (nonne) et exploitation, c'est
en gros le "couvent en chaleur". Apparu en partie grâce
au succès des Diables (Ken Russell, 1971) et mettant souvent en
scène des religieuses possédées et donc exorcisées,
le genre faisait une bonne place au sadisme - témoin, en 1979,
Les amours interdites d'une religieuse de Joe D'Amato, inspiré
de... Diderot !
©tausendaugen/2000
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